Thierry Gardent « comme dans un rêve » (RC Vichy)

Champion de France au scratch, champion de France M1, champion de France par équipe. Thierry Gardent (RC Vichy) est rentré de Vierzon avec trois médailles d’or dans sa besace. Ce pur Auvergnat  a parcouru pas moins de 248.747 km lors des championnats de France des 24H, réalisant ainsi la troisième performance française de la saison… Á 49 ans, le voilà qui frappe à la porte de l’équipe de France

>> Thierry Gardent comment avez-vous vécu cette course ?
Comme dans un rêve… Tous les feux ont été au vert. Même si je savais que j’étais en forme, j’avais un peu d’appréhension, il peut se passer tellement de choses pendant ce type d’épreuve. Dans ma tête, je pensais au podium, mais de là à imaginer le titre… Mon objectif était de faire au moins 240 km, pour avoir le niveau international. Dès le départ, je me suis tout de suite placé dans les trois premiers. J’ai tourné à une moyenne de 11,8 km/h pendant une cinquantaine de kilomètres. J’avais de bonnes sensations. Je voulais prendre de l’avance pour la fin de course, car je savais que j’allais terminer à 10 km/h. J’appréhendais la nuit, et notamment le repas du soir. C’est un moment toujours critique pour moi. Mais j’ai réussi à bien les négocier. J’ai su gérer les petits aléas, je ne me suis jamais arrêté de courir. C’est mon cinquième 24 heures. Mes expériences précédentes m’ont permis d’optimiser ma course. Au final, je bats mon record de plus de 20 km. Une grande émotion…

> Vous conservez également votre titre par équipe, acquis l’an dernier à Brive…
Oui, c’était très important pour moi. Nous avons un super groupe au RC Vichy. On faisait des 100 kms ensemble, et on est passé sur 24H il y a quelques années, en vieillissant.
Á Vierzon nous étions quatre, avec quatre ravitailleurs et quelques supporters sur le parcours. Ça m’a beaucoup aidé, surtout en fin de course. Je courais pour les copains, il fallait que je fasse le plus de kilomètres possible, pour eux.

 

>> Et côté mental, comment aborde t’on ce type d’effort hors-normes ?
Moi, j’arrive à poser le cerveau. Quand je commence à avoir des douleurs, je pense à autre chose. J’ai beaucoup pensé à ma sœur, mes enfants, ma femme… Et à tous les sacrifices faits pour être là. En fait on apprend à canaliser la souffrance. Un 24H, ce n’est pas une question de vitesse. D’ailleurs je suis une vraie mobylette (rires). Il faut avoir du jus, de la volonté.

 

>> Comment se prépare t’on pour une épreuve comme ça ?

Cela fait presque un an que je prépare cette course. On dit qu’il faut un jour de préparation par kilomètre parcouru. Je suis un autodidacte, je n’ai pas d’entraîneur. Je m’inspire beaucoup d’Emmanuel Fontaine (coureur d’ultra distance/entraîneur de l’équipe de France ndlr), c’est mon modèle, même s’il ne le sait pas (rires). Je consulte son blog, et je me calque sur ses entraînements, ses conseils. Lors des grosses périodes, je planifie six séances par semaine, je parcours jusqu’à 150 km. Et je fais beaucoup de gainage. C’est un petit plus qui m’a bien aidé je pense. Je travaille à mon compte dans l’électroménager, je planifie mes entraînements comme des rendez-vous. C’est un vrai choix de vie. Ma femme est fière quand elle voit mes résultats même si elle sature un peu de la course à pied (rires).

>> Un mot sur vos prochains objectifs ?
L’an prochain je passe en Master 2. Je vais peut-être faire les 100 kms de Belvès, mais ce n’est pas sûr, j’ai peur que ça fasse trop. Mon principal objectif sera de défendre mon titre lors des championnats de France,  à Albi. Le 24H, c’est tellement particulier… Il n’y a plus que ça qui me fait rêver ! Et puis je vais porter le maillot de l’équipe de France, c’est le rêve de tout athlète ! Ce sera en 2019, parce qu’il n’y a pas de rendez-vous internationaux en 2018.

Jessica Bissay

(crédit photos : RC Vichy – Gerome Savard/Patrice Bouillon)